Une terre, des cultures
Depuis, son apparition dans la région, il y a plus de 400 000 ans, l’homme s’est déplacé, s’adaptant à la géographie des lieux. Malgré des conditions difficiles, il s’est installé durablement sur le territoire occupant vallées, reliefs et plaines.
Pour se protéger, les habitants ont bâti des villages perchés sur les sommets des montagnes, comme à #26Thoard. Vu du ciel, ce village à l’étrange forme d’une amande qui épouse parfaitement le relief sur lequel il est posé. Ailleurs, l’homme a également édifié des forteresses avec beaucoup d’ingéniosité comme #27la Citadelle de Sisteron ou le #28Fort Vauban de Seyne. Ces remparts contre l’ennemi ont transformé la perspective de leur village.
Haut perchés ou en fond de vallées, les villages sont l’âme de ce territoire avec leurs ruelles, placettes et fontaines mais aussi leurs belles portes et leurs majestueux campaniles. Estoublon, Courbons, Prads-Haute-Bléone, sont des villages très animés lors des fêtes patronales, un moment idéal pour goûter à la vie locale et ressentir l’art de vivre provençal.
Le plus souvent, ce patrimoine bâti tire son caractère des ressources naturelles locales, comme le plâtre (extrait du #29gypse). Disséminés sur le territoire, des #30fours à chaux ou moulins à plâtre témoignent encore aujourd’hui du travail de transformation de ces ressources locales. Indéniablement, l’histoire géologique est à l’origine de ce terreau si particulier.
L’Écomusée de La Javie, retrace parfaitement le quotidien de la vie des villages au début du siècle dernier. On y trouve la reconstitution d’une épicerie, d’une salle de classe ou encore d’une cuisine. Cette évocation de la vie d’autrefois est rendue possible grâce à l’implication des habitants, qui n’ont pas hésité à fouiller et à sortir de leur grenier toutes les traces de cette vie passée.
Une terre de culture mais surtout, une terre de labeur agricole : des vergers d’arbres fruitiers au creux de la vallée des Hautes-Terres-de-Provence, des champs de lavande à perte de vue sur le #31plateau de Valensole, des champs d’oliviers sur les hauteurs d’Estoublon et parfois, des chênes truffiers. Par les ressources qu’il cultive, l’homme entretient aussi les sols. De-même, le berger emmenant pâturer ses moutons sur les hauteurs lors de ses transhumances annuelles.
Entre les mains de nos producteurs, les produits locaux prennent une saveur particulière. Au Vieux Moulins, Marie-France Girard prend soin de ses oliviers toute l’année. Et dès la première gelée, la récolte commence ! Les olives juteuses sont alors transformées en une huile goûteuse. Nicolosi Création, transforme la lavande, plante aux nombreuses propriétés, en huile essentielle et produits cosmétiques. L’Etoile du Berger, pour sa part, perpétue la tradition de la poire Sarteau confite : une poire cueillie dans les vergers sur de très vieux arbres, si dure, qu’on ne peut la croquer sans la cuire. Les familles ont appris à cuisiner ce fruit pour en faire confiture, pain aux poires, pâtes de fruits… Et chaque année, la fête de la poire Sarteau à La Javie, est le moment de goûter toute les façons de la cuisiner.
VIDEO : poire Sarteau
Cette terre nourricière fournit également d’autres matières premières pour les artisans. A Moustiers-Sainte-Marie par exemple, village blotti contre la montagne évoquant la Toscane, on peut découvrir tout le talent de maîtres faïenciers comme la famille Bondil. La faïence, dont le matériau d’origine n’est autre que l’argile, est un artisanat délicat qui requiert patience et précision. L’argile encore, entre les mains du santonnier, se malaxe jusqu’à former les santons de Provence. A l’approche des fêtes de Noël, venez découvrir à la foire aux Santons de Champtercier, ces innombrables figurines, personnages de la vie locale d’hier et d’aujourd’hui.
De nombreuses personnalités ont vécu sur le territoire de l’UNESCO Géoparc qui hérite alors de l’oeuvre de toute une vie.
On peut citer Alexandra David-Neel (1868-1969), orientaliste, exploratrice et bouddhiste. Elle fut la première femme européenne à séjourner à Lhassa au Tibet en 1924. Elle finit sa vie à Digne-les-Bains. Sa maison se visite et retrace à travers d’innombrables photographies d’époque, son parcours exceptionnel.
Maria Borrély (1890-1963), romancière engagée dans la Résistance, est notamment l’auteur de « Le dernier feu » publié 1931. Ce roman évoque la disparition d’un village du plateau de Valensole dont les habitants victimes des éléments de la nature qui se déchaînent, sont obligés de quitter leurs terres et de descendre dans la vallée. Jean Proal (1904-1969), également écrivain, était originaire de la commune de Seyne-les-Alpes, écrit son premier roman à l’âge de 28 ans : « Tempête de printemps » publié en 1932. L’histoire se déroule près de Digne-les-Bains : Sylvain 18 ans, décide de quitter son hameau de montagne et les obligations qui l’y rattachent : reprendre la ferme familiale. Par la montagne et la forêt, il part au gré des saisons et de la rudesse de la nature. Certains connaisse peut-être le poète et écrivain sisteronais, Paul Arène (1843-1896), qui publia son chef d’oeuvre à l’âge de 25 ans, « Jean-des-Figues » : retraçant l’histoire d’un jeune Provençal quittant son pays natal pour la capitale, Paris. On peut aussi citer Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1815-1893), ingénieur, architecte militaire, nommé maréchal de France par Louis XIV. Il mènera un destin incroyable et intervint sur les plans du fort de Seyne et de la Citadelle de Sisteron. Quant à Louis Gabriel Prosper Demontzey (1831-1898), il était un ingénieur français des Eaux et Forêts et mènera au XIXe siècle un plan exceptionnel de reboisement des montagnes des Alpes de Haute-Provence.
Dans le pays des « rochers qui parlent » (rochers qui diffusent des contes en anglais et français) cette route propose la découverte de paysages exceptionnels, de monuments et des activités humaines intimement liées à cette terre. Autant de pauses récréatives où le temps suspend son vol.
Cette route permet d’explorer la partie nord de l’UNESCO Géoparc à travers le cœur de son territoire de l’exceptionnelle vallée du Bès à la rencontre des œuvres d’art que des artistes contemporains de renom ont laissées dans ces paysages qui content la Mémoire de la Terre depuis 300 millions d’années.
Dans le sud de l’UNESCO Géoparc, le sol est fait de galets provenant d’un vaste ensemble deltaïque actif il y a plus de 2 millions d’années. Cette route conduit vers l’un des plus beaux villages de France en passant par les oliveraies et les champs de lavande.
C’est la route la plus « sportive » de l’UNESCO Géoparc qui abouti au fond de la vallée de Prads. Pour ceux qui aiment marcher en moyenne montagne, de nombreuses courtes balades sont possibles (max 3h 30) pour accéder à des sites peu connus mais porteurs de la magie de ce territoire.
Cette route invite à un voyage dans le temps ; le temps de l’Homme et le temps de la Terre. Des sites secrets, étranges voire mystérieux ponctuent son itinéraire et font de cette route un véritable « parcours initiatique » au cœur de paysages somptueux.